🎭 Face aux assauts ottomans

📍 Constantinople, secteur des Blachernes, 12 mai 1453

Le 12 mai 1453, la nuit se brisa sous les cris assourdissants des assaillants. Niccolò se tenait sur les remparts, le souffle court, la main crispée sur la garde de son épée. L’assaut du 6 mai avait déjà laissé des centaines de cadavres entassés sous les murailles. Ce soir, les Ottomans revenaient, plus nombreux, plus déterminés.

L’attaque se concentrait cette fois-ci sur le secteur du Palais des Blachernes tenu par les Vénitiens.

Les tambours résonnaient, lourds, comme un compte à rebours vers la mort. Puis, soudain, un hurlement éclata dans la nuit :

— Allah ! Allah !

Les Bachibouzouks ouvraient la charge, dévalant en vagues sombres vers les murailles, leurs cimeterres brillant sous la lune, les yeux brûlant d’une soif de destruction. Sur les remparts, un cri leur répondit, porté par les voix enrouées des Byzantins et de leurs alliés :

— Kyrie Eleison ! Kyrie Eleison !

L’impact fut brutal. Les échelles s’abattirent contre la muraille, et les assaillants commencèrent à grimper comme des fourmis enragées. Niccolò frappa le premier à portée, sa lame transperçant la chair, puis repoussa du pied un autre qui tentait d’atteindre le parapet. Partout autour de lui, c’était le chaos.

Les Byzantins, en armures lamellaires ternies par la suie et la sueur, frappaient avec férocité, leurs épées courtes tranchant les chairs ennemies. Les mercenaires génois s’appuyaient sur leurs longues piques, repoussant avec discipline les vagues incessantes d’assaillants. Mais la pression était étouffante.

Un janissaire surgit devant Niccolò, sabre en main, son regard glacial sous son casque de fer. L’acier siffla en visant sa gorge. D’instinct, Niccolò se baissa et riposta, tranchant le bras de son adversaire. L’homme vacilla, son sang coulant en gerbes noires sous la lueur des torches.

Les heures passèrent, interminables. Chaque muscle de son corps brûlait, ses bras devenaient lourds, ses mouvements plus lents. Ses hommes aussi étaient à bout de forces, leurs visages couverts de cendre et de sang séché.

Puis ce fut l’instant de trop. Un cri retentit à sa droite. Niccolò tourna la tête juste à temps pour voir Pietro, un vétéran génois, s’effondrer, transpercé par une lance turque. Son regard croisa celui de Niccolò, une lueur de panique dans les yeux.

— Niccolò…

Sa voix s’éteignit alors que le sang s’échappait de sa bouche.

Niccolò se précipita vers lui, repoussant un assaillant d’un revers furieux — mais c’était trop tard.

Il attrapa Pietro par l’épaule, mais il ne restait plus rien à sauver.

Une colère sourde monta en lui, aussitĂ´t rongĂ©e par une fatigue plus ancienne que le siège. Il ne sentait plus son Ă©pĂ©e, ni mĂŞme son propre corps — juste un vide. Un nom de plus Ă  graver dans sa mĂ©moire. Et demain, d’autres encore. 

Il se releva, le souffle hachĂ©, et frappa avec une violence renouvelĂ©e. Chaque coup Ă©tait une vengeance, chaque cri, une dĂ©chirure.Puis, soudainement, la vague reflua. 

L’ennemi battait en retraite.

Mais cette victoire Ă©tait creuse. Le corps de Pietro gisait parmi tant d’autres. 

Niccolò ferma les yeux un instant. Puis il se redressa.

Il n’y avait pas de temps pour le deuil.

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Vous la dĂ©couvrirez dans Â« Le dernier empereur de Constantinople – 1453 Â» de Wandrille Perrot