3. L’armée du Sultan face à la Ville éternelle

Constantinople, début avril 1453.

Ils étaient des dizaines de milliers. Des hommes venus d’Anatolie, de Roumélie, des Balkans. Des soldats d’élite vêtus de cuir ou d’armure, des porteurs de boulets, des canonniers suants sous l’effort, des derviches psalmodiant des versets, des ingénieurs, des archers à cheval, des janissaires silencieux. Tous convergeaient vers Constantinople.

Depuis la colline de Davutpaşa, Mehmed II observait la ville. Il la connaissait dans ses moindres détails. Ses espions lui avaient rapporté la longueur des murailles, les points faibles, les réserves de grain. Il savait que cette fois, il ne rentrerait pas à Edirne sans l’avoir prise.

L’ordre fut donné : dresser le camp, et positionner les canons.

• Mars 1453 : Mehmed II quitte Edirne avec une armée estimée à 80 000 à 100 000 hommes.

• Il est accompagné de ses généraux (dont Zaganos Pacha, Halil Pacha, Saruca Pacha) et de son fidèle maître d’armes, Ali.

• L’armée est multinationale : Turcs, Serbes, Albanais, Grecs convertis, Tatars, Bektachis…

• Mehmed a fait construire un canon géant : le Basilic, conçu par l’ingénieur hongrois Urban, et tracté par des dizaines de bœufs.

• L’armée traverse la Thrace et arrive le 2 avril 1453 devant Constantinople.

• Elle s’installe entre Topkapi et la mer de Marmara, occupant la colline de Davutpaşa.

• Le siège commence le 6 avril 1453.

Extrait fictif – L’arrivée devant les murailles de Constantinople du jeune Sultan Mehmed le 5 avril 1453 dans le roman historique « le dernier empereur de Constantinople – 1453 » écrit par le romancier français Wandrille PERROT.

« Depuis des mois, Mehmed avançait ses pions. Et ce matin-là, il vint les voir de ses propres yeux.

Du haut de la colline, il observa le ballet de son armée qui prenait position : des milliers de tentes dressées comme des fourmilières, des fumées de feux de camp s’élevant dans l’air froid, le fracas des marteaux résonnant sur les plateformes d’artillerie.

Il descendit à cheval, seul, pour inspecter les lignes. Les soldats s’écartaient à son passage, baissant les yeux avec un respect mêlé de crainte.

— Où étiez-vous avant ceci ? demanda-t-il à un homme agenouillé, en train d’ajuster son arc.

— À Gallipoli, Seigneur. J’ai escorté la flotte.

Mehmed esquissa un sourire.

— Ici, ce sera long, ce sera dur. Mais au bout, il y aura la victoire.

Plus loin, il retrouva Ali.

— La ligne tient ?

— En place, Sultan. Les ingénieurs avancent. Urban est là. Le canon sera monté demain.

Mehmed leva les yeux vers les murailles. Des monstres de pierre. Trois murs successifs, dressés comme un défi lancé à travers les siècles.

Il murmura, presque pour lui-même :

— Cette fois, elles tomberont.

Il regagna sa tente un peu plus tard, le pas plus ferme encore.

À l’intérieur, les cartes étaient déroulées, les conseillers présents. Halil Pacha s’inclina.

— Les puits sont rares sur cette colline, Seigneur. Il faut envoyer d’autres groupes chercher de l’eau.

— Qu’on ne manque de rien, coupa Mehmed. Ni pain. Ni feu. Ni volonté.

Un éclaireur entra en hâte.

— Des patrouilles romaines, Sultan. Ils nous observent.

Mehmed posa les yeux sur la carte. Il traça une ligne invisible du canon à la Porte Saint-Romain.

— Qu’ils regardent. Qu’ils tremblent.

Un silence tendu s’installa.

Puis, lentement, Mehmed ajouta :

— Dans trois jours… Nous leur arracherons l’éternité.

Et dehors, dans le noir, les tambours de guerre commencèrent à battre. »

La suite dans Le dernier empereur de Constantinople par Wandrille PERROT

📍À visiter aujourd’hui

🗺️ Voici les lieux liés à cette avancée de l’armée ottomane que tu peux visiter à Istanbul aujourd’hui :

1. Davutpaşa

   • Colline où s’est établi le quartier général de Mehmed II.

   • Panorama magnifique sur la ville.

   • C’est ici que le Sultan dirigea ses premières manœuvres.

2. Yedikule (Forteresse des Sept Tours)

   • Près de l’entrée sud des murailles.

   • Fut utilisée comme point de passage vers la mer de Marmara par les Ottomans pendant le siège.

   • On y trouve des vestiges médiévaux et ottomans.

3. La route d’Edirnekapı à Topkapi

   • L’ancienne route qu’a empruntée l’armée du Sultan.

   • On peut encore marcher le long des murs terrestres et imaginer le campement ottoman installé face à eux.

4. Panorama 1453 Museum

   • L’un des meilleurs moyens de visualiser l’arrivée de l’armée ottomane.

   • Une fresque géante à 360° plonge le visiteur dans la scène de l’assaut.

✒️ Extrait narratif

🎯 Quiz – As-tu bien suivi ?

Au loin, les échos du canon Basilic résonnent encore dans la vallée, brisant le silence millénaire des murailles de Théodose. Constantinople, figée entre ciel et pierre, sent venir le choc du monde.

Le Sultan Mehmed II n’est plus un jeune prétendant : il est devenu le maître d’une armée immense, déterminée, disciplinée. Ses vizirs l’entourent, les janissaires montent la garde, et les canons pointent désormais vers la ville éternelle.

Face à eux, les Byzantins s’accrochent à leur foi, à leurs remparts, et à l’espoir ténu d’un secours venu d’Occident. Mais l’ombre du croissant s’étend.

Le siège commence. L’histoire bascule.
À toi désormais d’entrer dans la mêlée…

Tu as terminé « L’armée du Sultan face à la Ville éternelle »

 Prochain chapitre : “La riposte chrétienne et les mercenaires”

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