📍 Mer de Marmara, à quelques encablures de Constantinople, le 29 janvier 1453.
La mer de Marmara était d’un gris métallique ce matin-là, alors que les nefs génoises approchaient des murailles de Constantinople. Des silhouettes en armes se découpaient sur le pont, casques brillants, arbalètes prêtes. En tête, une figure imposante : Giovanni Giustiniani Longo, commandant des 700 mercenaires génois, envoyé par Gênes pour défendre la ville chrétienne.
Sur les remparts, les guetteurs crient : « Des navires ! Ce sont nos alliés ! »
L’espoir renaît.
L’aide chrétienne fut-elle à la hauteur?
Au début de 1453, l’Empire byzantin est seul face à l’Empire ottoman, immense et déterminé. Constantin XI multiplie les appels à l’aide vers les puissances chrétiennes d’Occident. Les promesses fusent, les prières montent, mais aucune armée ne vient.

Seul un espoir prend forme en janvier 1453 : Giovanni Giustiniani Longo, noble génois expérimenté dans l’art de défendre les places fortes, arrive à Constantinople. Il est accompagné de 700 soldats génois aguerris, armés d’arbalètes, protégés par de solides capes de cuir et cottes de mailles. Leur discipline, leur courage et leur technologie vont bouleverser la défense de la ville.
Giustiniani est nommé commandant de la défense des murailles terrestres, en particulier à la porte Saint-Romain, point central des remparts et cible principale de l’artillerie ottomane. Son efficacité militaire redonne espoir aux défenseurs. Son prestige impose le respect, y compris aux officiers byzantins.
Parallèlement, quelques autres contingents arrivent :
Une poignée de crétois, de vénitiens, de catalans se joignent aux défenseurs.
Des moines, prêtres, marchands et marins européens restés sur place prennent les armes.
- Une flotte vénitienne de retour de mission en mer noire fait escale à Constantinople début 1453. Son chef, l’amiral Alviso Diedo, propose son aide à l’empereur Constantin XI. 5 galères supplémentaires viennent alors épauler les navires byzantins et génois pour protéger l’accès au port.

Mais malgré la solidarité de ces hommes, l’Occident reste sourd. Le concile de Florence, qui avait proclamé l’union des Églises catholique et orthodoxe (1439), divise plus qu’il ne rassemble. Rome promet une croisade, mais elle n’arrive jamais. Venise hésite. Le roi de Hongrie est occupé. Les royaumes d’Europe sont engagés ailleurs.
La riposte chrétienne s’est donc résumée à quelques navires et à un seul contingent de mercenaires.
Pourtant, pendant plusieurs semaines, ces hommes ont permis à Constantinople de tenir. Mais ils ne pouvaient rien sans une vraie armée derrière eux…
🎭 Extrait fictif – L’Empereur Constantin XI réunit son conseil avec les représentants génois et vénitiens dans son palais des Blachernes dans le roman historique « le dernier empereur de Constantinople – 1453 » écrit par le romancier français Wandrille PERROT
« Niccolò suivit Giustiniani jusqu’au Palais des Blachernes, où un conseil impérial exceptionnel venait d’être convoqué. Ce bâtiment, plus austère que le Grand Palais de l’Hippodrome, s’élevait près des murailles terrestres comme un bastion de pierre usé par le temps — un dernier rempart autant politique que militaire.
La grande salle du conseil baignait dans une lumière crépusculaire, filtrée par les vitraux salis. Les murs, ornés d’icônes byzantines et de lourdes tentures écarlates, semblaient écouter en silence ce qui allait être décidé.
Constantin XI, debout au centre, portait une tunique de cour sombre sous un manteau pourpre bordé d’or. Son visage tiré trahissait l’insomnie et le poids des responsabilités, mais ses yeux — sombres et ardents — brillaient d’une clarté presque inquiétante.
Autour de lui, le cercle restreint des défenseurs de la ville : Lucas Notaras, au port altier et au regard inquisiteur ; Giustiniani, massif et tendu, prêt à en découdre ; Gabriele Trevisano, le capitaine vénitien au masque figé ; Isidore de Kiev, cardinal représentant le Pape, isolé et mal à l’aise ; et, en retrait près d’une fenêtre, Cléophas, le conseiller de l’empereur de plus en plus influent, dont le silence pesait autant que ses regards furtifs.
— L’armée de Mehmed a quitté Andrinople, déclara Constantin d’un ton grave. Nos espions ont confirmé : des dizaines de milliers d’hommes, des canons, et une détermination à réduire cette ville en cendres. Constantinople est leur cible.
Un frisson parcourut la pièce. Giustiniani prit la parole, d’une voix calme mais ferme :
— Si nous attendons, nous mourrons. Il faut renforcer les remparts dès maintenant. Mes hommes sont prêts, mais nous devons savoir où concentrer notre résistance.
Il balaya la pièce du regard, s’arrêtant sur Notaras.
— Sans nos renforts génois, vos murs ne tiendront pas une semaine.
— Nos murs ont tenu pendant mille ans, capitaine, rétorqua Notaras avec fierté. Et nous ne les avons jamais vendus au plus offrant.
— Vous confondez loyauté et immobilisme, amiral, répondit Giustiniani en serrant les poings. Nous ne sommes pas venus ici pour attendre la mort.
L’atmosphère devint électrique. Des murmures traversèrent l’assemblée.
Trevisano rompit le silence d’un ton las, en levant les yeux au ciel :
— Nous ne sommes pas venus en renfort pour assister à un duel entre Romains et Génois. Il va falloir choisir un ennemi, messieurs… et ce ne sera pas entre nous.
Notaras tourna lentement la tête vers lui, les bras croisés, puis regarda Giustiniani et Niccolò tour à tour.
— Alors regardez-les, vos renforts, dit-il d’un ton sec. Voilà tout ce que l’Occident a envoyé : quelques centaines de Génois et de Vénitiens. Où sont les armées promises ? Où sont les flottes de secours, les troupes du Pape, les renforts de Hongrie ? Personne ne vient.
Il se tourna vers le cardinal Isidore, l’air accusateur.
— Et Rome, alors ? Où est-elle, Monseigneur ? Où sont les promesses du Pape ? Est-cela l’union des Églises que vous nous avez vendue ? Quelques bannières latines… et deux cents hommes épuisés ? Ce n’est pas une armée. C’est une illusion.
Le cardinal hésita, sa voix basse trahissant une lassitude ancienne :
— Rome a envoyé ce qu’elle pouvait… Mais les volontés sont divisées.
Il baissa les yeux, conscient que ses mots n’avaient convaincu personne.
Constantin XI leva la main. Sa voix, basse mais ferme, fit taire l’assemblée.
— Nous devons faire front. Nos divisions sont plus dangereuses que les canons de Mehmed.
Giustiniani et Notaras s’immobilisèrent, leurs désaccords figés dans le silence.
L’Empereur tourna alors lentement son regard vers Niccolò.
— Capitaine, je vous remercie, vous et vos hommes, d’avoir franchi le blocus pour nous rejoindre. Vous avez risqué vos vies pour cette cité, et cela ne sera pas oublié.
Niccolò inclina légèrement la tête.
— Quatre-vingts hommes, tous vétérans. Arbalètes, haches, vivres pour quelques semaines. Ils se battent pour leur solde, mais aussi pour ce qu’il reste de Rome.
Un murmure parcourut la salle.
Constantin acquiesça, puis s’avança d’un pas.
— Dites-moi, capitaine… où devons-nous porter nos espoirs ?
Niccolò prit une brève inspiration.
— Les remparts sont solides, mais vulnérables si nous nous dispersions. Il faut concentrer nos défenses sur les failles connues. Et surtout, tenir le plus longtemps possible. Chaque jour gagné peut changer le sort du siège.
— À quel prix ? murmura Constantin.
— Celui que vous êtes prêt à payer, Majesté. Et celui que vos hommes sont prêts à endurer.
Constantin baissa légèrement les yeux, songeur. Puis son regard glissa, fugitif, vers Cléophas, resté immobile près de la fenêtre. Un soupçon d’ombre traversa son visage — une hésitation qu’il s’efforça d’effacer aussitôt.
Un silence solennel s’installa. »
La suite dans Le dernier empereur de Constantinople par Wandrille PERROT
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📖 Conclusion
Les Byzantins ont accueilli les mercenaires génois comme des sauveurs. Grâce à leur discipline, leur équipement et leur bravoure, ils ont tenu les murailles pendant près de deux mois face aux assauts ottomans.
Mais cette aide, aussi courageuse soit-elle, fut trop tardive et trop isolée. Constantinople était devenue une forteresse assiégée, abandonnée par l’Occident.
Le combat allait s’intensifier…
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Prochain chapitre : “Les grandes manœuvres et le coup de théâtre naval”
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