🎭 Extrait de roman – L’inspection des murailles et des gardes par l’empereur Constantin XI

📍Constantinople, sur les murailles de Théodose, 5 avril 1453.

Du haut du palais des Blachernes, Constantin XI scrutait l’horizon.
À perte de vue, les tentes ottomanes s’étendaient comme un champ de cicatrices sur la terre. Le soleil de midi les baignait d’or pâle, et les croissants des étendards claquaient dans le vent comme une provocation. Une marée humaine, silencieuse mais écrasante, avançait lentement.

Il serra les poings. L’Empire avait tenu face Ă  tant de sièges… mais jamais un ennemi ne s’était prĂ©sentĂ© avec une telle mĂ©thode, une telle masse, une telle foi dans sa propre victoire.

Sans dire un mot, il quitta le balcon et descendit, accompagné de Notaras, Giustiniani… et Cléophas.

Direction : la Porte Saint-Romain.

Les créneaux étaient garnis d’hommes, l’arme au poing, les yeux rivés sur le camp ennemi. Certains priaient à voix basse. Un jeune soldat, tremblant, tenait sa lance comme on tiendrait une torche dans le vent. À côté de lui, un vétéran posa une main sur son épaule.

— Respire, garçon, murmura-t-il. Le pire n’est pas encore là. Les murailles nous protègent.

Le silence qui suivit était lourd comme le plomb.

Puis, soudain, un grondement sourd fendit l’air. Un coup de canon.
Une colonne de pierres et de poussière jaillit plus loin sur la muraille nord. Un tir de test. Une démonstration. Pas une attaque. Pas encore.

Les oiseaux s’envolèrent en piaillant, et plusieurs soldats sursautèrent.

— Ils annoncent leur arrivée, souffla Giustiniani, les mâchoires crispées.
— Nous n’avons pas peur d’eux, répondit Notaras d’un ton qui voulait convaincre autant qu’il s’adressait à lui-même. Les murailles tiendront.

L’Empereur se tourna vers eux. Il vit la peur dans leurs yeux. Une peur contenue, mais présente.

Il se força à parler d’une voix calme :

— Constantinople a tenu contre les Avars, les Arabes, les Bulgares… et contre les Turcs, une première fois. Nous avons toujours résisté. Cette fois ne fera pas exception.

Un murmure d’approbation suivit. Mais il sonnait creux.

En retrait, Cléophas ne disait rien.

Son regard restait fixé sur les canons. Sur les bêtes de bronze qui attendaient l’ordre de rugir. Sur cette armée parfaitement organisée, calme, sûre d’elle, qui encerclait lentement leur monde.

Son cœur battait plus fort. Pas de colère. Pas de ferveur. Juste une intuition glaciale.

— Nous verrons bien, murmura-t-il, presque inaudible. 

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Vous la dĂ©couvrirez dans Â« Le dernier empereur de Constantinople – 1453 Â» de Wandrille Perrot